Théorème de Schwarz

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Ne doit pas être confondu avec Lemme de Schwarz.

Le théorème de Schwarz ou de Clairaut[1] est un théorème d'analyse portant sur les dérivées partielles secondes d'une fonction de plusieurs variables. Sous certaines hypothèses, il dit que l'ordre des deux dérivations : dériver par rapport à la variable y d'abord, puis par rapport à une variable x revient au même que dériver par rapport à la variable x d'abord puis par rapport à la variable y. Autrement dit :

x ( f y ) ( a ) = y ( f x ) ( a ) {\displaystyle {\frac {\partial }{\partial x}}\left({\frac {\partial f}{\partial y}}\right)(a)={\frac {\partial }{\partial y}}\left({\frac {\partial f}{\partial x}}\right)(a)}

Il apparaît pour la première fois dans un cours de calcul différentiel donné par Weierstrass en 1861[réf. nécessaire] auquel assistait alors Hermann Schwarz à Berlin.

Énoncé

Théorème de Schwarz[2],[3] —  Soient E et F deux espaces vectoriels normés, U un ouvert de E, et f : UF une application deux fois dérivable[4] en un point a de U. Alors, l'application bilinéaire d2fa : E×EF est symétrique.

Corollaire — Soit f une fonction à valeurs réelles définie sur un ouvert de n. Si f est deux fois dérivable en un point, alors sa matrice hessienne en ce point est symétrique[5].

La symétrie de la hessienne signifie que le résultat d'une dérivation partielle à l'ordre 2 par rapport à deux variables ne dépend pas de l'ordre dans lequel se fait la dérivation par rapport à ces deux variables :

x ( f y ) ( a ) = y ( f x ) ( a ) {\displaystyle {\frac {\partial }{\partial x}}\left({\frac {\partial f}{\partial y}}\right)(a)={\frac {\partial }{\partial y}}\left({\frac {\partial f}{\partial x}}\right)(a)} .

Ce théorème est parfois appelé par les anglophones « Young's theorem[6] » (théorème de Young), nom qui désigne également une extension aux dérivées d'ordre supérieur[7].

Un contre-exemple

La fonction f ne possède pas de dérivée seconde en (0, 0).

Le résultat ci-dessus peut tomber en défaut lorsque les hypothèses ne sont pas vérifiées. Un premier contre-exemple, assez compliqué, a été donné par Schwarz lui-même en 1873[réf. nécessaire]. Un deuxième contre-exemple, plus simple, est proposé par Peano en 1884[8]. Il s'agit de la fonction définie par :

f ( x , y ) = { x y ( x 2 y 2 ) x 2 + y 2 si  ( x , y ) ( 0 , 0 ) 0 sinon, {\displaystyle f\left(x,y\right)={\begin{cases}{\frac {xy\left(x^{2}-y^{2}\right)}{x^{2}+y^{2}}}&{\text{si }}\left(x,y\right)\neq \left(0,0\right)\\0&{\text{sinon,}}\end{cases}}}

qui vérifie

2 f y x ( 0 , 0 ) = 1 tandis que 2 f x y ( 0 , 0 ) = 1 {\displaystyle {\frac {\partial ^{2}f}{\partial y\partial x}}\left(0,0\right)=-1\quad {\text{tandis que}}\quad {\frac {\partial ^{2}f}{\partial x\partial y}}\left(0,0\right)=1} [9].

Application aux formes différentielles

Considérons, en dimension 2, la 1-forme différentielle exacte suivante, où f est de classe C2 :

d f = a ( x , y ) d x + b ( x , y ) d y . {\displaystyle \mathrm {d} f=a(x,y)\,\mathrm {d} x+b(x,y)\,\mathrm {d} y.}

Alors,

a ( x , y ) = f x ( x , y )  et  b ( x , y ) = f y ( x , y ) . {\displaystyle a(x,y)={\frac {\partial f}{\partial x}}(x,y){\text{ et }}b(x,y)={\frac {\partial f}{\partial y}}(x,y).}

En appliquant le théorème de Schwarz, on en déduit :

b x ( x , y ) = a y ( x , y ) . {\displaystyle {\frac {\partial b}{\partial x}}(x,y)={\frac {\partial a}{\partial y}}(x,y).}

Ceci est donc une condition nécessaire d'exactitude de la forme différentielle. Une forme différentielle vérifiant cette condition nécessaire est dite fermée.

Plus généralement, en dimension n :

toute forme exacte de classe C1 est fermée,

ce qui, dans le cas particulier d'une 1-forme ω, s'écrit :

si  ω = d f  alors  d ω := i < j ( ω j x i ω i x j ) d x i d x j = 0. {\displaystyle {\text{si }}\omega =\mathrm {d} f{\text{ alors }}\mathrm {d} \omega :=\sum _{i<j}\left({\frac {\partial \omega _{j}}{\partial x_{i}}}-{\frac {\partial \omega _{i}}{\partial x_{j}}}\right)\mathrm {d} x^{i}\wedge \mathrm {d} x^{j}=0.}
Démonstration pour une 1-forme

Considérons une 1-forme exacte

ω = d f = ω 1 d x 1 + ω 2 d x 2 + + ω n d x n {\displaystyle \omega =\mathrm {d} f=\omega _{1}\mathrm {d} x_{1}+\omega _{2}\mathrm {d} x_{2}+\ldots +\omega _{n}\mathrm {d} x_{n}}

où la fonction f est de classe C2. Nous savons par ailleurs que

d f = f x 1 d x 1 + f x 2 d x 2 + + f x n d x n {\displaystyle \mathrm {d} f={\frac {\partial f}{\partial x_{1}}}\mathrm {d} x_{1}+{\frac {\partial f}{\partial x_{2}}}\mathrm {d} x_{2}+\ldots +{\frac {\partial f}{\partial x_{n}}}\mathrm {d} x_{n}}

Ainsi pour tout i , j < n {\displaystyle i,j<n}

ω i = f x i {\displaystyle \omega _{i}={\frac {\partial f}{\partial x_{i}}}} et ω j = f x j {\displaystyle \omega _{j}={\frac {\partial f}{\partial x_{j}}}}

En dérivant ω i {\displaystyle \omega _{i}} et ω j {\displaystyle \omega _{j}} respectivement selon x j {\displaystyle x_{j}} et x i {\displaystyle x_{i}} ,

ω i x j = 2 f x i x j {\displaystyle {\frac {\partial \omega _{i}}{\partial x_{j}}}={\frac {\partial ^{2}f}{\partial x_{i}\partial x_{j}}}} et ω j x i = 2 f x j x i {\displaystyle {\frac {\partial \omega _{j}}{\partial x_{i}}}={\frac {\partial ^{2}f}{\partial x_{j}\partial x_{i}}}}

En vertu du théorème de Schwarz — qui s'applique ici car les ω i {\displaystyle \omega _{i}} sont supposés de classe C1 — ces deux dérivées partielles sont égales, d'où

i , j < n , ω i x j = ω j x i {\displaystyle \forall i,j<n,\quad {\frac {\partial \omega _{i}}{\partial x_{j}}}={\frac {\partial \omega _{j}}{\partial x_{i}}}}

ce qui achève la démonstration.

Notes et références

  1. En France et en Belgique, il est parfois appelé théorème de Clairaut. Cf. James Stewart (trad. Micheline Citta-Vanthemsche), Analyse. Concepts et contextes, vol. 2 : Fonctions de plusieurs variables, De Boeck, , 1064 p. (ISBN 978-2-8041-5031-0, lire en ligne), p. 764.
  2. Sylvie Benzoni-Gavage, Calcul différentiel et équations différentielles : cours et exercices corrigés, Dunod, , 2e éd. (lire en ligne), p. 72.
  3. Une démonstration est disponible sur Wikiversité (voir infra).
  4. Le théorème est souvent énoncé et démontré sous l'hypothèse plus restrictive que f est de classe C2 sur U.
  5. Henri Cartan, Cours de calcul différentiel, Hermann, 1967, rééd. 1977, p. 65-69.
  6. (en) « Young’s theorem », sur UC Berkeley, Department of Agricultural & Resource Economics (version du sur Internet Archive).
  7. (en) R. G. D. Allen, Mathematical Analysis for Economists, New York, St. Martin's Press, (lire en ligne), p. 300-305.
  8. Ernst Hairer et Gerhard Wanner (trad. de l'anglais), L'Analyse au fil de l'histoire [« Analysis by Its History »], Springer, (1re éd. 1996) (lire en ligne), p. 316-317.
  9. Ce contre-exemple est détaillé sur Wikiversité (voir infra).

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Théorème de Schwarz, sur Wikiversity

Articles connexes

Lemme de Poincaré

Liens externes

  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généralisteVoir et modifier les données sur Wikidata :
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