Debora Vogel

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Debora Vogel
Biographie
Naissance
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Bourchtyn (royaume de Galicie et de Lodomérie, Autriche-Hongrie)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 42 ans)
Lviv (District de Galicie, Gouvernement général de Pologne, Troisième Reich)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Deuxième République de PologneVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Université Jagellonne (doctorat) (jusqu'en )
Université de LvivVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Poétesse, critique littéraire, journaliste d'opinion, écrivaine, philosophe, traductriceVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de

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Debora Vogel (Dvoyre Fogel), née le [1],[2] à Bourchtyn en Galicie, alors en Autriche-Hongrie et maintenant en Ukraine, et morte assassinée dans le ghetto de Lwów en , est une poétesse et philosophe polonaise bilingue.

Biographie

Debora Vogel naît à Bourchtyn dans une famille juive parlant polonais, fille de Anzelm Vogel, un hébraïste et directeur de l'orphelinat de Lwów et de sa femme, Leonia (Lea) Vogel née Ehrenpreis[3], directrice de l'école professionnelle juive de la ville[4]. Sa sœur meurt durant l'enfance[5].

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, sa famille fuit à Vienne. Elle y fréquente un gymnasium polonais, puis un gymnasium allemand où elle obtient son diplôme du secondaire en juillet 1918. A Vienne et puis à Lwów elle est active dans le mouvement de jeunesse sioniste Hachomer Hatzaïr[1]. En 1919, Debora Vogel entre à la Faculté de philosophie de l'Université Jan Kazimierz à Lwów[1],[2]. Le 7 juillet 1926, elle obtient son Ph.D en littérature polonaise à l'Université Jagellon à Cracovie[1]. Sa thèse de doctorat porte sur l'influence d'Hegel sur le philosophe polonais Józef Kremer[1],[4]. Après son diplôme, elle voyage en Europe, rend visite à son oncle, Marcus Ehrenpreis (de), le grand-rabbin de Stockholm puis part à Berlin et à Paris où elle rencontre Marc Chagall[5]. De retour à Lwów, elle enseigne la psychologie et la littérature polonaise à l'université de formation des professeurs d'hébreu de la ville[1],[2].

Bien que ça ne soit pas une langue apprise dans son enfance, Debora Vogel devient active dans les cercles littéraires yiddish en écrivant des poèmes dans cette langue[4]. Elle écrit aussi en polonais, hébreu et allemand[2]. En 1929, elle monte le groupe littéraire-artistique צושטײַער (Tsushtayer, yid. contribution) avec Ber Horowitz, Rachel Korn, Hersch Weber et Mendl Neugroeschel[3]. Elle intègre aussi le groupe Artes (pl) dont sont membres des peintres d'avant-garde comme Aleksander Krzywobłocki (pl), Jerzy Janisch (pl) ou Henryk Streng (pl) (Marek Włodarski) qui ont été influencés, parmi les autres, par Fernand Léger[6].

Elle publie également des textes dans des journaux yiddish et polonais dont Sygnały et Wiadomości Literackie[4]. Certains de ses poèmes sont aussi publiés dans le magazine mensuel Inzikh publié à New York en 1939, juste avant la déclaration de guerre[2]. Dans les revues polonaises, Debora Vogel écrit des articles sur, entre autres, le photomontage, la haine des Juifs, et l'interrelation entre l'intelligence et le prolétariat[2].

Aujourd'hui, elle est connue essentiellement pour avoir été la muse de Bruno Schulz qu'elle a rencontré en 1930 et avec qui elle entretient une longue correspondance jusqu'à son décès en 1942[7]. Dedans, ils y parlent de leurs lectures, de la vie quotidienne, de leurs voyages et de leur affinités littéraires[2]. C'est dans les lettres envoyées à Vogel que Schulz écrit les premiers jets de son recueil de nouvelles Les Boutiques de cannelle[8],[9]. En 1931, Schulz lui propose de l'épouser mais la mère de Debora Vogel s'y oppose[1],[5].

Peu après, elle épouse l'ingénieur civil Szulim Barenblüth et donne naissance à son fils unique le 3 mai 1936[1]. En 1941, elle est envoyée dans le ghetto de Lwów avec sa mère, son mari et son fils. Son mari travaille pour le Judenrat[5]. Debora Vogel meurt durant la liquidation du ghetto entre le 10 et le 22 août 1942[3]. Selon Rachel Auerbach, membre de Oyneg Shabbos, raconte que Henryk Streng, qui illustré tous ses ouvrages, a reconnu les corps de la famille rue Bernsteina lors du nettoyage du ghetto après sa liquidation[10],[1],[5],[11].

Œuvres

Elle a écrit, entre autres:

  • (yi) טאָג־פֿיגורן (Tog-figurn), poèmes (1930)
  • (yi) מאַנעקינען (Manekinen), poèmes (1934)
  • (yi) אַקאַציעס בליִען (Akatsyes blien), montages (1935)
  • (pl) Akacje kwitną, montages (1936)


La bibliographie la plus complète de l'œuvre de Vogel est celle parue dans la première monographie consacrée à l'écrivain publiée par Karolina Szymaniak (pl)[1]


Traductions en polonais

  • dans l'annexe de Karolina Szymaniak, Być agentem wiecznej idei. Przemiany poglądów poglądów estetycznych Debory Vogel (2006)[1], poèmes et essais sur l'art et littérature
  • dans l'annexe de Montaże. Debora Vogel i nowa legenda miasta (2017)[12], essais sur l'art
  • dans Moja dzika koza. Antologia poetek jidysz (2018)[13], poèmes


Traductions en allemand

  • Debora Vogel, Die Geometrie des Verzichts. Gedichten, Montagen, Essays, Briefe (2016)[14]


Traductions en anglais

  • dans l'annexe de Montages. Debora Vogel and the New Legend of the City (2017)[15], essais sur l'art
  • Debora Vogel, Bloom Spaces Debora Vogel's Poetry, Prose, Essays, Letters, and Reviews (2020)[16]


Traductions en suédois

  • Debora Fogel, Tomma gator och gula lyktor (2020)[17], poèmes


Traductions en français

  • Debora Fogel, Figures du jour (1930) & Mannequins (1934), édition bilingue, traduction de Batia Baum, éditions La Barque, 2023 (ISBN : 9782917504666)

Hommages

Une exposition lui est dédié dans le Musée de l'art de Łódź (en) en 2017[12]. En 2019, un symposium sur son œuvre est tenue au Centre d'études juives de l'université de Chicago[18].

Références

  1. a b c d e f g h i j et k Karolina Szymaniak, Być agentem wiecznej idei : przemiany poglądów estetycznych Debory Vogel, Universitas, (ISBN 978-83-242-0658-2 et 83-242-0658-2, OCLC 234352719, lire en ligne)
  2. a b c d e f et g (de) Von Anna Maja Misiak, « Im Schatten von Bruno Schulz », sur Neue Zürcher Zeitung (consulté le )
  3. a b et c (de) Anna Maja Misiak, « Deutschsprachige Edition der Texte von Debora Vogel (1900-1942) », Medaon,‎ (lire en ligne)
  4. a b c et d (en) « Dvoyre Fogel | Jewish Women's Archive » (consulté le )
  5. a b c d et e (en) « Anthology of Yiddish Poetry of Poland between the two World Wars (1918 - 1939) » (consulté le )
  6. (en) Magdalena Wróblewska, « Artes », sur culture.pl, (consulté le )
  7. (de) Annette Werberger, « Nur eine Muse? Die jiddische Schriftstellerin Debora Vogel und Bruno Schulz », dans Ingrid Hotz-Davies, Schamma Schahadat (éd.), Ins Wort gesetzt, ins Bild gesetzt. Gender in Wissenschaft, Kunst und Literatur, , p. 257-286
  8. Jerzy Jarzębski et Małgorzata Kitowska-Łysiak, Bruno Schulz, 1892-1942 : dessinateur, peintre, graveur et écrivain, Muzeum Literatury im. Adama Mickiewicza, (ISBN 83-910982-6-5 et 978-83-910982-6-4, OCLC 52823214, lire en ligne)
  9. Włodzimierz Bolecki, « Représentation – expérience historique – littérature moderne », Revue des études slaves, vol. 85, no 4,‎ , p. 681–689 (ISSN 0080-2557 et 2117-718X, DOI 10.4000/res.285, lire en ligne, consulté le )
  10. (yi) Rachel Auerbach, « נישט אויסגעשפּונענע פֿעדעם », די גאָלדענע קייט,‎ 1964, no 50, p. 131-143
  11. (en) Anna Kaszuba-Debska, « Debora Vogel », sur project stilettos (consulté le )
  12. a et b (pl) Andrij Bojarov, Paweł Polit et Karolina Szymaniak, Montaże : Debora Vogel i nowa legenda miasta, Łódź, Muzeum Sztuki, (ISBN 978-83-63820-63-3 et 83-63820-63-6, OCLC 1032656575, lire en ligne)
  13. (pl) Karolina Szymaniak, Joanna Lisek et Bella Szwarcman-Czarnota, Moja dzika koza. Antologia poetek jidysz, Kraków-Budapeszt-Syrakuzy, Austeria, (ISBN 978-83-7866-209-9 et 83-7866-209-8, OCLC 1108620263, lire en ligne)
  14. (de) Debora Vogel et Anna Maja Misiak, Die Geometrie des Verzichts Gedichte, Montagen, Essays, Briefe, Wuppertal, Arco, (ISBN 978-3-938375-61-7 et 3-938375-61-2, OCLC 885038718, lire en ligne)
  15. (en) Andrij Bojarov, Paweł Polit et Karolina Szymaniak, Montages : Debora Vogel and the new legend of the city, Łódź, Muzeum Sztuki, (ISBN 978-83-63820-64-0 et 83-63820-64-4, OCLC 1026368936, lire en ligne)
  16. (en) Debora Vogel et Anastasiya Lyubas, Blooming spaces : the collected poetry, prose, critical writing, and letters of Debora Vogel, Brighton, Academic Studies Press, (ISBN 978-1-64469-392-6, 1-64469-392-5 et 978-1-64469-393-3, OCLC 1157473650, lire en ligne)
  17. (se) Debora Vogel, Beila Engelhardt Titelman et Sara Mannheimer, Tomma gator och gula lyktor., Lund, Ellerströms förlag AB, (ISBN 978-91-7247-579-3 et 91-7247-579-X, OCLC 1124572525, lire en ligne)
  18. (en) Jonah Lubin, « “Circular Landscapes: A Symposium on Debora Vogel": A Student's Perspective », sur In geveb (consulté le )

Liens externes

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